نورالدين السعودي يتذكر لحظة الافراج عنه في 84
Comme ce jour, le 24/8/1984, j'avais retrouvé ma liberté avec une partie de notre groupe de détenus politiques (Affaire Abraham Serfaty et consorts). Voici, le récit que j'en avais fait dans mon livre-témoignage: "Voyage, au-delà des nuits des nuits de plomb" (2007, édition de Casa; 2016, édition de Paris, Edilivre): "LA LIBERTÉ RETROUVÉE
Comme mon enlèvement, ma libération eut aussi lieu à l’improviste. Le 24 août 1984, une amnistie royale avait mis brusquement un terme à mon incarcération. Une quarantaine de détenus de mon groupe en bénéficièrent. Ce jour-là, je fus également pris au dépourvu ; mais d’une autre manière. Car, lorsqu’on s’est habitué, dix ans durant, au train de vie carcéral, le fait de retrouver du jour au lendemain sa liberté, sans aucune préparation psychologique, est grandement déstabilisant. Si l’on a un foyer où aller directement ; c’est déjà un problème en moins.
Pour moi, à ma libération, j’eus la chance d’être pris en charge par Lucille la femme de mon ami Driss B. qui, lui, n’avait pas bénéficié comme moi de cette amnistie. Une initiative et un geste émanant d’un grand coeur et d’un sens exemplaire de solidarité, que je n’oublierai jamais.
Première surprise. Avec la construction de l’axe autoroutier Rabat-Casablanca, j’eus la plus grande des difficultés à reconnaître l’entrée à ma ville natale Casablanca, qui m’est apparue, avec le grand détour qu’on avait fait pour accéder au quartier où habitent mes parents, (Maârif extension), s’être démesurément élargie.
Le bruit infernal de la grande métropole a été aussi l’un des traits qui m’ont frappé. Je me rappelle que la première nuit que j’ai passée en liberté a été particulièrement agitée pour moi. Je m’étais trop habitué au calme absolu de la citadelle de Kénitra. Chaque passage d’une moto ou d’une voiture me faisait sursauter. Il m’avait fallu beaucoup de temps pour m’y familiariser.
Toujours à propos de Casablanca, j’ai été étonné du développement et de la multiplication des quartiers des riches : outre Anfa, Polo, l’Ermitage et l’Oasis, qui avaient connu une grande extension, j’ai découvert de nouveaux quartiers de villas : Californie, cité El Hana, la colline, Sidi Maârouf...
En parcourant la ville, des changements dans les moeurs étaient perceptibles et contrastaient nettement avec la réalité sociale du début des années 70 : forte présence de la gente féminine dans l’espace publique ; davantage de jeunes filles/femmes aux cafés et aux volants des voitures ; un grand nombre de femmes portant le voile…
En conduisant, j’eus en horreur les feux qui tournent au rouge à mon passage. Je les percevais comme une entrave à ma liberté récemment retrouvée. Prendre le volant de la voiture, était d’ailleurs pour moi, un moyen de découvrir une autre dimension de la liberté. J’aurais aimé en ces premiers instants de liberté, prendre une voiture et me lancer à l’assaut du vaste espace du territoire de mon pays, pour en visiter les moindres coins et recoins. Surtout ceux dont m’ont parlé un certain nombre de camarades, tels le Rif, le Moyen Atlas et le grand sud."
Abdelaâli Benchekroun
Comme mon enlèvement, ma libération eut aussi lieu à l’improviste. Le 24 août 1984, une amnistie royale avait mis brusquement un terme à mon incarcération. Une quarantaine de détenus de mon groupe en bénéficièrent. Ce jour-là, je fus également pris au dépourvu ; mais d’une autre manière. Car, lorsqu’on s’est habitué, dix ans durant, au train de vie carcéral, le fait de retrouver du jour au lendemain sa liberté, sans aucune préparation psychologique, est grandement déstabilisant. Si l’on a un foyer où aller directement ; c’est déjà un problème en moins.
Pour moi, à ma libération, j’eus la chance d’être pris en charge par Lucille la femme de mon ami Driss B. qui, lui, n’avait pas bénéficié comme moi de cette amnistie. Une initiative et un geste émanant d’un grand coeur et d’un sens exemplaire de solidarité, que je n’oublierai jamais.
Première surprise. Avec la construction de l’axe autoroutier Rabat-Casablanca, j’eus la plus grande des difficultés à reconnaître l’entrée à ma ville natale Casablanca, qui m’est apparue, avec le grand détour qu’on avait fait pour accéder au quartier où habitent mes parents, (Maârif extension), s’être démesurément élargie.
Le bruit infernal de la grande métropole a été aussi l’un des traits qui m’ont frappé. Je me rappelle que la première nuit que j’ai passée en liberté a été particulièrement agitée pour moi. Je m’étais trop habitué au calme absolu de la citadelle de Kénitra. Chaque passage d’une moto ou d’une voiture me faisait sursauter. Il m’avait fallu beaucoup de temps pour m’y familiariser.
Toujours à propos de Casablanca, j’ai été étonné du développement et de la multiplication des quartiers des riches : outre Anfa, Polo, l’Ermitage et l’Oasis, qui avaient connu une grande extension, j’ai découvert de nouveaux quartiers de villas : Californie, cité El Hana, la colline, Sidi Maârouf...
En parcourant la ville, des changements dans les moeurs étaient perceptibles et contrastaient nettement avec la réalité sociale du début des années 70 : forte présence de la gente féminine dans l’espace publique ; davantage de jeunes filles/femmes aux cafés et aux volants des voitures ; un grand nombre de femmes portant le voile…
En conduisant, j’eus en horreur les feux qui tournent au rouge à mon passage. Je les percevais comme une entrave à ma liberté récemment retrouvée. Prendre le volant de la voiture, était d’ailleurs pour moi, un moyen de découvrir une autre dimension de la liberté. J’aurais aimé en ces premiers instants de liberté, prendre une voiture et me lancer à l’assaut du vaste espace du territoire de mon pays, pour en visiter les moindres coins et recoins. Surtout ceux dont m’ont parlé un certain nombre de camarades, tels le Rif, le Moyen Atlas et le grand sud."
Mohamed Maarouf en vert, derrière lui Sion Assidon, Bachir Znagui, Chichah Mimoun, Mohamed El Khotbi, Lehbib Benmalek en bleu, Abdelaziz Maimouni, Feu Mohamed LebnaniMostafa Temsamani, Abdellatif Derkaoui, Aziz El Ouadie; Derrière Assidon, Salah El Ouadie, Khalil Kacem, Fouad Assouab, Ahmed Fessas, Abdeljalil Derj, Mostafa Fezouane; Debout au fond, Abdelali Hajji, Allal El Azhar, Noreddine Saoudi, Mostafa Miftah.
Abdelaâli Benchekroun
Avec feu Aziz El Ouadie, Mohamed Fikri et Noureddine Saoudi













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