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رسالة اليوم 54منذ الحكم الجائر واليوم 410 من الإعتقال التعسفي، إليك يا ولدي

 رسالة اليوم 54منذ الحكم الجائر واليوم 410 من الإعتقال التعسفي، إليك يا ولدي ، هي رسالة خاصة من صديقة عزيزة عبرت من خلالها عن كل ما يخالج قلوبنا وحواسنا، ووصفت بالتدقيق ما يختلجنا من حزن وقهر وكيف يمكننا إخفاء كل هذا رغم الظروف.

إليكم رسالة : Layla El Mossadeq Ghabbar
Mon cher Omar,
Je ne l'imaginais pas, mais il s'est déroulé ce séjour sans te voir.
Je suis allée voir mamana Fatiha et Driss . Une maison ornée de photos de toi. Un seul prénom sur les lèvres de tes proches : un prénom joli, court, facile à prononcer, mais difficile à accepter par nos ennemis. Le tien.
Tu as appelé, et j'ai pu te parler en premier.
Ta voix semblait émue et moi, je me pinçais les cuisses pour faire fuir les larmes qui s'invitaient à notre discussion.
Que dit-on à une personne détenue, diabolisée, jugée, innocente? Alors on a parlé de vers à défaut de partager leurs homonymes.
Je me suis cachée pour pleurer. J'avais honte de mes larmes devant tes parents si forts et vaillants.
Puis je suis partie. J'ai pris un taxi pour rejoindre Imad.
J'ai demandé au chauffeur de passer par Oukacha.
"-Voici la porte
-Peux-tu t'arrêter un instant ? ai-je demandé, effondrée
- واخا ا ختي (ok) "
Il a descendu la fenêtre. J'ai crié ton nom aussi fort que je le pouvais mais il demeurait inaudible. Je n'arrive pas à concevoir que derrière ces murs, se trouve une aile qui accueille les méchants, et dans une de ses cellules, tu te trouves.
Toi, qui ne t'arrêtais jamais de bouger, tu es derrière un de ces murs. Toi, l'avide de liberté.
Comment quelqu'un qui aspire à autant de belles choses peut être cloisonné dans quelques mètres carrés.
Ta cellule suffit-elle pour contenir tous tes rêves ?
Le chauffeur de taxi m'a sorti de mes songes et ma noyade :
مشدود لك شي واحد ا ختي؟- (un proche est en prison ?)
- اه (oui)
-ياك لاباس اش دار؟ (pour quelle raison ?)
- دوا (il a parlé)
-ما قالش لعام زين؟ (il n'a pas dit que tout allait bien dans le pays)
-وي (oui)
-باغين لبلاد ليهم بوحدهم. (ils veulent le pays pour eux tout seul)
نمشيو ا ختي؟ (on y va ?)
- واخا خويا. نقدر نطلبك؟ دوزني قدام محكمة الاستئناف للي ف الجيش (ok, tu pourras passer devant la cour d'appel, avenue des FAR ?)
La voiture a démarré. Ces endroits me semblaient tellement familiers bien que je n'y avais jamais mis les pieds avant. L'arbre sectionné, ces murs blancs, déserts. Je reconnais les plans des photos et des vidéos prises lors des sit-in des familles de Radi et Raïssouni.
Comme il m'a semblé long le trajet vers le tribunal.
Arrivée devant, comment rater ces impressionnantes marches, témoins de l’espoir des gens qui les montent en direction de la salle 7, puis de leur effondrement à la descente ?
En fin de compte, c'est un court trajet que tu as pu traverser en dehors de Oukacha lors de tes aller-retours au tribunal.
Je me suis dépêchée d'essuyer mes larmes et me remettre en état avant de voir Imad qui depuis notre précédente rencontre n'a connu presque que tourments.
Il est là je l'ai vu, fort et touchant comme toujours par son sourire.
Comment ne pas parler de toi, Omar ? on a beau essayé de changer de sujet, تسقط الطائرة. On reparlait de toi. A la fin de chaque phrase, on mettait une ponctuation en se pinçant les lèvres sur le côté ou avec un "aweddi a Omar"
On t'aime tellement si tu savais.
5 jours plus tard, j'étais au rendez-vous, avec mamana, Driss et Khalid. Mais tu n'as pas appelé. Comme elle était pénible cette attente.
Je n'osais pas en parler aux personnes présentes pour qui l'attente est devenue coutume.
Puis, j'ai eu l'occasion de te reparler. De ta prison, tu me racontais les anecdotes de tes voyages précédents et tes "problèmes de riche" comme tu les as nommés. Je te sentais bouger, impatient, pressé. Tu m'as demandé si j'ai profité de mon séjour et si j'ai mangé لحم الراس, notre rituel. Spontanément je t'ai répondu, : ما لقيت شكون يديني (il n'y avait personne pour m'y amener)
A la fin de notre communication pleine de sourires, tu m'as dit que tu as hâte de me revoir.. dans 5 ans. Bêtement je t'ai répondu pourquoi 5 ans ? Non ! A bientôt Omar, à très bientôt.
Je me suis prise une gifle.
Apprendre la sentence était très dure, en parler à mamana l'est encore plus, mais l'entendre de ta bouche était un pieu.
J'ai répété devant tes parents l'exercice de rétention de larmes que j'ai exercé durant tout mon séjour puisqu'il m'est difficile de parler de ta situation, de toi ou juste de penser à toi, sans verser de larmes. Rebelote un taxi devant Oukacha pour t'envoyer un bisou au #n26011. Maintenant que j'étais proche, il y avait moins de risque pour qu'il se perde. Puis un deuxième au cas où le premier se perd quand même . Le chauffeur a du littéralement me prendre pour une folle.
Durant ce séjour, je t'ai envoyé des cartes et des lettres que tu ne recevras sans doute jamais.
Maintenant que je suis rentrée et que je suis seule, je peux enfin libérer toutes les larmes que j'ai retenues.
Nous manquons de toi Omar.
Je manque de toi.
Amour.


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