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الرفيق علي فقير بصورة مع الرفيق محمد بوكرين يتحدث عن لقاءه برفاق عبد الرحمان في السجن

 كما كان في هذا الحي المناضل الكبير عبد الرحمن بن عمرو ورفاقه الذين ألقي بهم في السجن تعسفيا على إثر خلافاتهم السياسية مع المكتب السياسي للاتحاد الاشتراكي للقوات الشعبية،



Janvier 1984

3eme partie
RE-BONJOUR LA PRISON !
Après 13 jours de calvaire cauchemardesque, 13 jours non mentionnés dans les PV de police et donc non comptabilisés dans les peines à passer en prison, les dizaines « élus » de la police furent présentés au procureur du roi.
L’ex petit berger fut introduit dans le bureau du procureur (l’enfonceur selon le jargon populaire). Il est accusé, entre autres, d’avoir dirigé une cellule d’ILAL AMAM, composée de Jamal Belakhdar, de Omar Zaïdi, d’un ingénieur, d’une femme médecin. Ladite cellule aurait organisé des manifestations, attaqué un train, distribué des tracts. L’ex berger ne crut pas ses oreilles. C’était du pur Kafka. Omar Zaïdi n’était jamais militant d’ILAL AMAM, Belakhdar avait divorcé avec ILAL AMAM depuis plus de 12 ans, l’ingénieur, la femme médecin étaient simplement des inconnus pour l’ex petit berger. Les faits mentionnés dans le PV n’étaient pas véridiques. Il protesta et déclara qu’il n’a jamais signé de PV de la police.
Les détenus arrivèrent la nuit tombée à la prison Laâlou de Rabat. L’ex berger se retrouva avec 125 (!!!!) autres victimes dans une chambrée. Bien que la cellule soit spacieuse, normalement elle est faite pour 30 ou au maximum pour 40 détenus, elle a reçu en son sein ce soir du 5 février (si je ne me trompe pas d’une journée) 126 détenus. Il est impossible de dormir dans ces lamentables conditions : la puanteur, les poux, les cafards, les punaises, le manque d’espace où s’allonger. Sebbar, Zaïdi, Abdelkhalek Benzekri, Sbaï,… ont su « meubler » la nuit en racontant des blagues, chantant Marcel Khalifa, cheikh Imam, Saïd Al Maghribi… L’ex bédouin, terrassé par la fatigue, ne sentait ni la faim, ni la soif, ni la déprime…
Le lendemain, les nouveaux arrivés refusèrent de regagner « leur » chambrée, premier accrochage avec l’administration de la prison. Le quartier moderne, composé essentiellement de cellules individuelles ou de cellules faites pour 2 ou 3 personnes, était accordé en location aux gros trafiquants, aux fonctionnaires impliqués dans des détournements de fonds, aux riches. Dans ce quartier se trouvaient aussi le grand militant Abderrahmane Ben Amre et ses camarades jetés arbitrairement en prison suite à leurs démêlés politiques avec le bureau politique de l’USFP, ce dernier ayant fait appel à la police pour les coffrer. Dans ce quartier se trouvait aussi Cheikh Abdeslam Yassine et ce, suite à ses démêlés politiques avec le régime.
L’administration vida la plus grande partie du quartier « 5 étoiles » en installant les anciens locataires à l’infirmerie. L’ex berger et une dizaine d’autres victimes décidèrent d’occuper la plus grande cellule du quartier : la fameuse cellule 13. Pourquoi ? Pour discuter, blaguer, chanter. On y trouvait Abdelkhalek Benzekri, Mohmmed Sebbar, Omar Zaïdi, Ali Fkir,...
Le petit berger qui devint communiste a eu l’occasion de faire la connaissance d’inoubliables militants, surtout des jeunes. Ils sont des dizaines. Ils étaient tous formidables.
Les militantes ont été placées dans le quartier des femmes. Elles étaient extraordinaires, aussi bien au commissariat qu’en prison. Et ce malgré les conditions lamentables où elles se trouvaient. La majorité était des enseignantes stagiaires à l’ENS. En 2012, 28 ans après, je ne peux que féliciter des militantes qui sont là toujours, le drapeau de la résistance à la main, drapeau bien brandi, telle l’infatigable Zaïna Oubihi, cadre de l’AMDH, d’ATTAC-Maroc, du mouvement syndical démocratique et progressiste. Cette militante dévouée aux causes justes, honnête et conséquente dans ses engagements, démocratique dans ses relations avec les autres, mérite toute notre considération.
Il y avait des dizaines de militants « alqaïdyines » (basistes) : de l’institut agronomique, de la faculté des sciences, de la faculté de droit, de l’ENS, de la faculté de médecine,… En frappant fort dans les milieux d’étudiants progressistes, le ministre d’l’intérieur d’alors, Driss Basri avait ouvert, à la mouvance islamiste, les portes de l’université toutes béantes. Comme il avait encouragé par la suite cette même mouvance à envahir les plages et à ouvrir des camps de formation de véritables escadrons de la mort.
A Rabat, et comme tous les procès politiques qui se déroulent au Maroc, le procès des dizaines militants et militantes arbitrairement arrêtés en janvier 1984 a eu lieu en mars-avril 1984, et ce fût une véritable parodie, une mise en scène où il y avait tout sauf la justice, la vérité et le sérieux. Les individus qui étaient en face des victimes, des avocats et des familles, étaient de véritables marionnettes dont les ficelles étaient tirées par la police. C’étaient de simples apprentis-acteurs qui agissaient selon les instructions des souffleurs bien placés derrière le rideau du théâtre. C’était vraiment un moment de détente, du moins pour l’ex petit berger. Il avait beaucoup ri. Il faut reconnaître que les étudiants ont su dénuder cette comédie. A la barre, un étudiant parlait (avec ironie) d’Ismaïl : je suis sorti d’ismaïl, revenu à Ismaïl,… il refusait de prononcer le mot Moulay, car il s’agissait du camp Moulay Ismaïl. Les « magistrats » suffoquaient de rage. Un autre, fixa son regard sur le procureur (celui-ci a eu vraiment peur) puis lui dit : tu es insupportable, espèce de malpropre. Suite à une plaidoirie d’un avocat « islamiste » où il avait récité un verset de coran où il est dit entre autres que si on lit le coran sur une montagne, elle va bouger malgré elle, un troisième étudiant se tournant vers le même avocat lui dit : vous pouvez passer votre temps à réciter les versets de coran, les sentences fixées par la police ne vont pas changer d’un iota. Les peines étaient « relativement » clémentes en comparaison avec les lourdes peines prononcées dans les villes du Nord, à Marrakech et même à Casablanca.
Elles varièrent entre le non-lieu et une année de prison ferme, à l’exception toutefois d’une peine de deux ans infligés au militant Driss Anaânaâ pour avoir dessiné une carte où fut tracée la frontière qui sépare le Maroc du Sahara occidental, une année de plus pour quelques pointillés. L’ex petit berger, tête de liste des accusés, a écopé d’une année de prison ferme. Ainsi, après 18 mois de « liberté », il se retrouva en prison avec des dizaines de militants, d’horizons politiques différents et dont la majorité faisait partie de la deuxième génération des marxistes léninistes.
Faire de la prison, ce n’est pas chose simple. Vous êtes condamnés à vivre dans un réduit, dans la saleté, à voir de près la misère humaine où vivent des centaines sinon des milliers de prisonniers de «droit commun ». La prison est faite pour les opposants au système dominant, aux porteurs d’idées neuves. Elle est faite pour les marginalisés, les exclus, pour les gens des bas-fonds de la société qui commettent des actes irréfléchis, des imprudences impardonnables qui leurs coûtent la pseudo-liberté dont ils jouissaient. Mais, dans les prisons, vous trouvez aussi, et elles sont nombreuses, des victimes de l’arbitraire, des victimes de règlements de comptes policiers, des innocents. Pour ne pas aller en prison, il suffit de baisser la tête (pour ne pas dire la culotte), d’obéir en « bon citoyen », d’applaudir ceux qui vous gouvernent, il suffit d’avoir du pognon et ce quel que soit son origine. La prison est faite pour les pauvres et pour ceux qui refusent l’assujettissement.
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Extrait du livre « le petit berger qui devint communiste » De Ali Fkir
Ancienne photo (à Azrou) avec la camarade ZAHRA et le martyr BOUGRINE, victime des arrestations de 1983. Sa nième arrestation après "l'indépendance" de 1983

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