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L'inventaire... Mohammed Nadrani

L'inventaire... Mohammed Nadrani
L'an de grâce 1985... Le premier Janvier fut la date de notre libération après presque neuf années de disparition forcée dans les entrailles d'Hadès, comme on avait l'habitude de l'appeler. Car prononcer le mot Agdez fait penser spontanément à la descente aux enfers !
Bref,...
Du fait que je n'avais pas de date de naissance, j'ai adopté le premier janvier pour jour d'anniversaire. Depuis, nous avons pris pour coutume de célébrer cet heureux événement. Une occasion pour nous de perpétuer le Groupe Banouhachem, la bannière des cinq rescapés de la disparition forcée. Séparément ou collectivement selon les disponibilités des uns et des autres, nous avons réussi à célébrer trente-sept anniversaires. Qui l'aurait cru à l'époque d'Hadès ?! Personne ! Même les plus optimistes parmi nous n'auraient osé augurer qu'on pourrait dépasser cette limite d'âge !
Bref, chemin faisant, alors que nous nous apprêtions à célébrer le trente-huitième anniversaire de notre libération, Mohammed ERRAHOUI, alias SAHRAOUI tira sa révérence le jeudi 15 décembre 2022, paix à son âme.
Deux années plus tard,... suite à d'atroces douleurs abdominales, j'ai été consulter un médecin, en l'occurence notre ami le Docteur Abdelkrim EL MANOUZI, le frère du disparu Houcine El Manouzi dont le sort n'est toujours pas élucidé. L'échographie avait révélé une cholécystite : la vésicule biliaire était très enflammée et une urgente opération chirurgicale s'imposait. Comme je ne bénéficiais d'aucune couverture sociale au Maroc, j'avais pensé prendre le premier vol pour Lille. Mais, le Docteur Abdelkrim EL MANOUZI n'était pas de cet avis :
- « Je te le déconseille ! C'est trop risqué. Ta vésicule risque d'éclater à tout moment ! »
Sur son injonction et celle de Abdennaceur Banouhachem :
- « Viens à Cheik Zaïd ! Je me porte garant, on occupe une chambre. Pour le reste on verra plus tard ».
D'accord pour l'occupation... J'étais donc admis en urgence à l'Hôpital Cheikh Zaïd, à Rabat. Finalement, c'est le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) qui a pris en charge la totalité des frais de mon hospitalisation, merci*.
Le mardi 17 décembre 2024 à seize heures, à deux semaines du quarantième anniversaire de notre libération, je me suis retrouvé dans le même Hôpital où notre regretté Errahoui avait tiré sa révérence, il y a deux années.
- « Quelle coïncidence ! Est-ce mon tour ? », ne puis-je m'empêcher de souffler à Abdennaceur. Ce dernier, m'avouera un peu plus tard qu'il avait la même prémonition mais il n'osait pas me le dire.
S'ensuit une série de défilés de blouses blanches, d'examens, de soins et une longue et ennuyeuse attente... Tout le monde sait que l'ablation de la vésicule est normalement réalisée par cœlioscopie avec de petites incisions de 5 à 10 mm afin de passer une caméra dans l'abdomen et de longs instruments. La Chirurgie s'opère en regardant un écran. Ça dure moins de deux heures et le patient quitte l'hôpital en moins de 24 heures ! Google ne dira pas le contraire. Alors que moi, j'étais déjà à ma troisième nuitée ?!
Des doutes s'installent...
Jour, « J »... Le jeudi 19 décembre vers seize heures, j'étais sur un chariot en direction du bloc opératoire. À mon passage devant le Major, celui-ci m'a lancé : - « Reviens-nous vite !! »
À quoi j'ai répondu : - « Attendez-moi, je reviendrai ! »
Sur cette promesse de retour, je m'étais retrouvé allongé sur la table d'opération chirurgicale, entouré cette fois-ci de blouses bleues. Puis, l’anesthésie générale finit par me plonger dans la non existence, dans le néant...
À mon réveil, je me retrouve en réanimation avec des tuyaux qui me perçaient de partout l'abdomen. À mesure que je reprenais conscience, je réalisais que je l'avais échappé belle !
Plus tard, comme pour me féliciter d'avoir survécu, la Chirurgienne Dre Lalla Malika Aissaoui vint à mon chevet : - « Hé oui, j'avais des doutes,... mais, ni le scanner, ni l'échographie, n'ont révélé ce que je soupçonnais. Quand j'ai introduit la caméra, j'ai découvert un grand chantier ! J'ai aussitôt couru pour aller chercher de l'aide. Par chance, le chirurgien Dr Samir Lafrouji n'était pas loin. Il a fallu se mettre à deux pour venir à bout de l'opération et ça nous a pris 5 heures pour tout nettoyer et recoudre une incision abdominale de la longueur d'un double-décimètre ! »
Dans le jargon des professionnels de la santé, il s'agit d'une « Péritonite sur perforation d'ulcère duodénal avec Cholécystite ». Dans le jargon du commun des mortels : en plus de la vésicule, un trou dans l'intestin qui communique avec l'estomac.
Encore sous l'effet de l'anesthésie, j'étais en proie à des visions hallucinogènes... Toutes les images qui s'offraient à ma vue, étaient teintes de couleurs vives avec la domination de la couleur rouge et, de surcroît, ces images étaient flottantes et drôlement animées. Ces visions se muaient en scènes où je me voyais harcelé par d'étranges créatures qui ne sauraient appartenir qu'aux légendes. J'avais l'impression qu'elles cherchaient à m'étrangler ! J'en étais arrivé à me demander dans quel monde étais-je car il m'était si difficile de distinguer ce qui était réel de ce qui ne l'était pas. Parfois, il me semblait que j'étais au Complexe* et que les supports et les poches des sérums autour de moi avaient pris l'apparence des gardes CMI. Puis, il y eut ce mot « Hadj » qui n'arrêtait pas de résonner dans les couloirs. « Hadj » par ci, « Hadj par là ! » Cela m'agaçait d'entendre le personnel soignant héler leurs patients ainsi. Ce mot « Hadj » qui avait ponctué ma vie carcérale au Complexe de Rabat où j'avais passé 480 jours, bandé et menotté jour et nuit,… ne faisait que stimuler en moi ces horribles sensations.
Puis, à mesure que l'effet de l'anesthésie diminuait, la confusion s'estompait et les deux mondes s'éloignaient l'un de l'autre, faisant ressortir cette évidente distinction : « au Complexe, on détruit l'humain, à Cheikh Zaïd on soigne et on sauve des vies Humaines ».
Cette évidence me réveilla et, comme des brûlures de rage, raviva en moi les images du massacre des innocents en Palestine, à Gaza, au Liban... par les génocidaires sionistes.
Bon retour, Nadrani, dans un monde dominé par l'injustice, l'intolérance et la violence, pensai-je !!
Tentant une diversion, je commençais à passer sommairement en revue mes « réalisations » au cours de mes quarante années en liberté. Puis, je m'étais naturellement attardé sur le dernier projet en cours de réalisation, à savoir ANOUAL, le film historique le plus attendu à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Outre les douleurs de la maladie qui embrasaient mes viscères, je portais en moi comme un feu qui brûlait et dévorait mes entrailles cette lancinante interrogation : « Si je meurs, qu'adviendra-t-il du film ANOUAL, dont je suis le seul porteur légal en tant que producteur » ? Je me mis alors à maudire la maladie, la malchance, la fatalité, le destin, et je ne sais quel autre source de malédiction. Plus tard, notre ami Rabie AL KATI, le protagoniste et principal acteur du film ANOUAL, aura ce succinct commentaire résumant ainsi cet épisode particulièrement dramatique : « La baraka de Abdelkrim Al Khattabi était avec toi et elle t'a accompagné tout au long de cette pénible épreuve ».
Le 20 décembre, après deux nuitées en réanimation...
Constatant une nette amélioration de mon état de santé avec stabilité hémodynamique et respiratoire, on m'a remis en service de Chirurgie E pour continuer le suivi des soins. En attendant, on m'a remis mon téléphone portable, me permettant ainsi de reprendre contact avec le monde des vivants. Pendant les six jours que j'ai passé en service de suivi, le téléphone n'a pas cessé de sonner... À tour d rôle, ma sœur Jamila ou mon frère Ahmed répondaient et relayaient les nouvelles concernant l'évolution de mon état de santé.
Vous étiez nombreux, très nombreux à vous enquérir de mon état de santé, si nombreux que je ne pourrais, hélas, citer tous les noms de celles et de ceux qui m'ont témoigné de leur sympathie et de leur soutien moral. Tels des boucliers protecteurs,... vous m'avez entouré d'une série de cercles concentriques d'amour, d'affection, de bienveillance et d'espoir. Sachez cependant que vos visites, vos appels, vos messages, vos pensées, oh combien réconfortantes, m'ont touché jusqu'au plus profond de moi-même et m'ont été d'un grand secours. Sachez aussi que ces bienveillants et gracieux sentiments ont su trouver leur chemin vers mon cœur et y demeureront éternellement gravés. Un grand Merci à vous, mes AmiEs et Camarades, vous qui m'avez couvert de vos sincères prières de prompt rétablissement et de vos ardents vœux d'une espérance de vie plus longue.
Fête de Noël,... début de la convalescence.
Le 25 décembre, j'ai quitté l'hôpital Cheikh Zaïd ainsi que la Capitale du royaume en direction de Casablanca pour une période de convalescence. Avec la prescription de la Dre Lalla Malika, la chirurgienne qui m'a sauvé la vie, de revenir pour un contrôle dans un délai d'un mois à compter de ce jour.
Deux jours auparavant, Si Mohammed Soual m'avait hurlé au téléphone. Sa voix résolue et si ferme qu'elle ne laisse aucune place à la dérobade résonne toujours à mes oreilles :
- « À seize heures trente, je viendrai te prendre. Je t'emmène avec moi. Mon épouse Amina et moi, avons décidé de t'accueillir pour ta convalescence ! » Coupant court à toute formule de courtoisie de ma part, il raccroche.
Seize heures sonnante, SI Mohammed était déjà là avec trente minutes d'avance sur le rendez-vous initial. En route vers Casablanca, il maintenait l'aiguille du compteur à 90 Km/H et évitait toute bosse se trouvant sur notre route. Songeur, je contemplais le paysage qui défilait merveilleusement devant mes yeux, comme si je le voyais pour la première fois.
Pour rappel, j'ai rencontré pour la première fois Si Mohammed Soual à l'Aéroport Mohamed V où, en compagnie des autres membres de notre groupe, Groupe Banouhachem, nous attendions le vol à destination de Ouarzazate. Sur invitation du Conseil Consultatif des Droits de L'Homme (CCDH à l'époque) sous la présidence de notre regretté Ahmed HARZENNI, paix à son âme, nous partions pour un long voyage, un de plus, sur des sentiers obscurs pour faire la lumière sur les centres secrets de la disparition forcée. Le thème du séminaire qui devait se tenir le 31 janvier 2009, s'articulait sur la « Préservation de la Mémoire de l'Ex-Centre de Détention d'Agdez ».
De retour le lendemain, je me suis retrouvé, je l'avoue, avec un seul acquis ou plutôt deux : la rencontre de l'Historien Abdelahad Sebti et l'amitié de Si Mohammed Soual. Depuis, mon ami Si Mohammed et moi, nous nous sommes jamais vraiment perdus de vue. Quant à la Mémoire,... c'est en cours d'analyse... Passons, voulez-vous ?!
Grâce au sens de l'hospitalité de Si Mohammed et à sa bienveillance, je me porte assez bien aujourd'hui dans ce havre de paix et de tranquillité. Choyé, Chouchouté, bien entouré, je ne manque de rien. Un Gros Merci à toi, Si Mohammed, un Gros Merci à ton épouse Lalla Amina pour votre chaleureux accueil. Je n'oublierai jamais !
Minuit, 31 décembre 2024, l'année 2025 m'a surpris en train d'effacer le tableau pour entamer un nouveau chapitre de ma nouvelle vie...
Sur ce, je vous souhaite pour l'année 2025 santé et fraternité, paix et solidarité, vérité et justice. Bonne et heureuse année mes amiEs... Et il en va de même pour le nouvel an AMAZIGH.
*Une lettre de remerciements de la part du Groupe Banouhachem a été envoyée au CNDH.
**LA Direction Générale de la Surveillance du Territoire.




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