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الرفيق علي فقير يتذكر رفيقه عبد الفتاح الفكهاني

 

30 août 1970 -30 août 2020: le souffle d'ILAL AMAM recharge nos batteries de combat révolutionnaire.
Cas des inoubliables camarades: Abdelfettah Fakihani
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Je tiens à reproduire ici ce que j’avais écrit à propos de Fakihani à l’occasion de son décès le mercredi 17 juin 2009. « Fakous, tu resteras immortel Ils / elles étaient là par centaines : la première génération des militants du mouvement marxiste-léniniste marocain (Belmajdoub, Khadija Mnebhi, Amine, Kamal, Moussaoui, Elharif, Assidon, Lahrach, Loudiyi, Falah, Fkir, Eltiti, Aït Bennacer, Fatima Oukacha, Rabia laftouh, Srifi, Essafi, Kazouzi…et autres ex-PCM)), la deuxième génération (Fouad El Moumni, Zaïna, D. Oumhand, O. Zaïdi, Haytoum, A.Mesdad…) et même la troisième génération qui n’a pas eu le plaisir de connaître directement Abdelfettah Fakihani (le jeune Abdellah, président de l’ANDCM et militant de la jeunesse d’ANNAHJ, Raïssouni président de la section de l’AMDH – Rabat et militant de la jeunesse d’ANNAHJ…).
Ils / elles étaient là tous, toutes pour accompagner le très cher Abdelfettah Fakihani à sa dernière « demeure ». Déjà, à la clinique, des dizaines de militants et amis sont passés le voir et le soutenir dans son combat contre la maladie. Avant de quitter ce monde des vivants, il a dit : « ana farhane : je suis content ». J’ai fait la connaissance de Fakous (je l’ai toujours appelé ainsi) en automne 1968. C’était un jeune communiste exemplaire. Il maîtrisait l’arabe et le français. C’était une véritable bibliothèque ambulante. C’était un artiste. Etudiant brillant à la faculté de lettres de Rabat. Calmement, avec des arguments à l’appui, il « armait » politiquement et idéologiquement ses camarades, convaincait les réticents et déroutait les adversaires. C’était un grand orateur et l’un des ténors du Front des étudiants progressistes crée à la veille du 14ème congrès de l’UNEM. Fakous a joué un rôle important dans la création d’ILA AL AMAM, organisation marxiste – léniniste marocaine. Fakous était respecté de tous. Il était respectueux. En discutant, en débattant, il n’a jamais blessé quiconque. Au printemps de l’année 1971, il reçut un émissaire de ALLAL Al Fassi. Ce dernier voulait s’entretenir avec 4 militants de « la nouvelle gauche » : Abdelfettah Fakihani, Abdellatif Derkaoui, Ali Fkir et un 4ème militant dont j’ai oublié le nom. Fakous était un militant de dialogue, qui pouvait faire des concessions sur la forme mais pas sur le fond. On était d’accord pour aller voir Allal Al Fassi, mais des événements imprévus nous avaient fait manquer ce rendez-vous. Fakous était vraiment l’Homme de la société communiste telle qu’on l’imaginait, telle qu’on la désirait, et pour laquelle on luttait. Sans tomber dans le fanatisme béat, ni se réclamer du maoïsme, Fakous était (comme la plupart d’entre nous) séduit par la révolution culturelle telle qu’elle a été définie par Mao : il ne suffit pas de réussir une révolution politique et économique pour prétendre qu’on a changé la société. Les idéologies, les coutumes, les traditions, l’individualisme, le subjectivisme et autres tares des sociétés de classes subsisteront tant qu’il n’y a pas de révolution culturelle profonde. Au niveau théorique, on trouvait (et je trouve toujours), cette approche juste. A. Fakihani et A. Zeroual étaient les « prototypes » de la société communiste. Fakous était bel homme, charmant, militant convaincu, cultivé, courtois… mais il n’était ni « coureur de jupon », ni « don juan ». Humainement, sexuellement, le coeur de Fakous était monogame. C’était le cas de Abdellatif Zeroual.
Contrairement à la plupart d’entre nous, A. Zeroual tenait à l’organisation même au niveau de la vie privée. Pour lui, il faut maîtriser la gestion de ses instincts. Un dimanche matin, j’étais allé au fameux café d’Elouazzani (place bourgogne à Agdal – Rabat). Juste à côté il y avait l’internat de l’ENS (y résidaient les futures profs). C’était une citadelle rouge. La majorité des résidentes étaient acquises au Front des étudiants progressistes d’obédience marxiste – léniniste. Chaque samedi, elles organisaient des débats, des discussions avant de terminer leur soirée par des chants et danses. Chama me rejoignit. Après le bonjour, elle me dit « hier on a rien discuté. On a élu le Monsieur/Militant de l’année universitaire. Tu sais qui l’a emporté ? C’est Fakihani, et tu sais ce qu’il a de plus que vous autres militants ? le sourire du printemps ! ». Fakihani est connu pour son charmant sourire, un sourire d’innocent. Elles avaient raison les filles. Elles étaient objectives, même si elles ne se faisaient pas d’illusion sur une liaison éventuelle avec Fakous dont le coeur était déjà conquis par une résidente dans le même internat. L’organisation « A » ILA AL AMAM), organisa (31 décembre 1971- 1er janvier 1972) sa première conférence nationale (l’équivalent du premier congrès). Abdelfettah fut élu membre du comité national. En mars 1972, Fakihani fut arrêté. Les arrestations avaient commencé en janvier 1972 (Herzeni, Derkaoui, Assidon…), puis continué en mars (Anis Balafrej, Jamal Belkhdar, Derj abdeljalil, Khotbi Mohammed, Laâbi, FAKIHANI…). Fakihani n’a donné aucun nom. Les tortionnaires n’ont pas pu découvrir son appartenance organisationnelle. Donc son dossier était (juridiquement parlant) vide. En mai-juin 1972, nouvelle vague d’arrestations. Aucun militant arrêté n’a parlé de Fakihani. Le 4 juillet 1972, nous quittâmes Derb Moulay Cherif (l’un des centres secrets de détention et de torture, où sont décédés par la suite A. Zeroual, Tahani Amine et tant d’autres). Le soir on passa du tribunal à la prison de Ghbila de Casa. A l’entrée du quartier où étaient enfermés Fakihani et les autres militants, nous fûmes accueillis avec l’INTERNATIONALE (en français) et surtout avec RAMZOU AL INSANE ATTHA’YRYOUNE… Je distinguais les voix de Fakous et de Rahmouni. Je fus secoué des pieds à la tête. Je ne pouvais espérer mieux. Ce fut une agréable surprise. Des salles de torture de derb Moulay Cherif, en passant par la cave nauséabonde du tribunal, on arriva en prison et on fut
accueilli avec des chants révolutionnaires. L’engagement ne prend pas fin avec l’arrestation, le combat continue ! Après un passage de quelques semaines dans des cellules individuelles ou de petits groupes, je m’étais retrouvé dans un « chambré » avec 16 ou 18 camarades (je peux me tromper sur le nombre exact) : Fakihani, Amine, Belmajdoub, Skalli, Moussaoui , Hsaïn, les frères El Mansouri, Lahmar, El Hamdaoui, Khotbi, Derj, Laâbi, Hilal, Zakari, Drissi, Guennad, Khabchi… Fakous était l’un des camarades qui avaient contribué énormément à la création d’une atmosphère extraordinaire : débat constructifs, discussions politiques, préparation du procès, soirées artistiques, anecdotes… la dakka almarakchia, le malhoune, les chants amazighs, le haït, chansons françaises, orientales, classiques marocaines, nas alghiwane… Le jour on retrouvait les autres militants enfermés dans d’autres chambrés : Anis, Kamal, Bari, Assidon, Derkaoui, Belaïd, Rahmouni, Khaliï,… En septembre 1973, Fakihani fut libéré (aucune charge n’a été retenue contre lui, la torture n’a rien tiré de lui, les autres militants ne l’avaient pas cité). Le secrétariat national d’ILA AL AMAM (tous ses membres vivaient dans les conditions difficiles de la clandestinité), proposa à FAKIHANI (il pouvait bien sûr refuser) « l’offre » suivante: - D’intégrer le secrétariat national - De quitter son travail (il était prof de français) - De divorcer (il venait juste d’officialiser ses liens avec Z, l’élue de son coeur, à laquelle il est resté fidèle pendant des années) - De rejoindre la clandestinité Des larmes coulèrent (imaginez la situation !) de ses yeux, et puis il répondit positivement. Après quelques jours il rejoignit la clandestinité. Des années après, il fut de nouveau arrêté. Les tortionnaires ne lui ont pas pardonné sa résistance de la première arrestation. Il fut condamné en 1977 à perpétuité (à vie) + 2 ans (????) pour outrage au juge !! Jusqu’à sa mort, son corps portait encore les traces de la torture. J’ai retrouvé Fakous et les autres militants, en septembre 1979 à « la prison centrale de Kénitra ». Fakous n’a pas changé. Il est resté l’Homme exceptionnel tel que je le connaissais. En 1989, gracié avec des dizaines d’autres prisonniers politiques, il se retrouva dans un autre monde, dans une prison plus vaste, où il est difficile de survivre, où les valeurs humaines des années soixante dix sont devenues monnaie rare. Il
fallait survivre. Fakous (comme tant d’autres) ne pouvait compter que sur lui – même. Il va se lancer dans le journalisme. D’abord à « Al alam », puis à l’AFP. Il a refusé comme tant d’autres militants les « indemnités » qu’a proposées l’Etat pour « tourner une page » de l’Histoire de la lutte politique au Maroc, sans l’avoir lue et surtout sans déterminer les responsabilités. Fakihani a pris de la distance vis-à-vis de l’action politique directe. C’est de son droit. Mais il n’a jamais renié ses convictions, ni insulté l’Histoire. Il est resté égal à lui – même jusqu’au mercredi 17 juin 2009 où il quitta pour toujours sa petite famille, et sa grande famille de camarades et d’amis, en disant « ana farhane : je suis content ». Le jeudi 18 juin 2009, des centaines de personnes se sont retrouvées à Rabat pour accompagner avec douleur la dépouille de notre cher Fakihani au cimetière. Ils / elles étaient là, l’événement/drame, nous a réunis : recalés d’élections de juin 2009, boycotteurs de la mascarade, les « cultivateurs de leurs jardin », Abderrahim Berrada, l’infatigable avocat des causes justes, Nadrani Mohammed et les rescapés miraculeux de Dad’s et Klaat Magouna, Khadija Riadi, Khadija Sadok, Abderrazzak Idrissi, Si Omar, Latifa, Zhor, Samira, Fatima... la jeunesse marxiste… Les femmes ont accompagné Fakihani jusqu’à sa « dernière demeure », piétinant ainsi la règle rétrograde qui interdit à la femme musulmane ce genre de comportement. Les embrassades étaient sincères, chaleureuses, la douleur était la même pour tous, les années de geôles du régime ont tissé en nous/entre nous des liens qui résistent à l’usure du temps. La mort fait partie de lois de la nature. Lorsqu’on arrive au « bout du rouleau » on y passe. Pas de miracle ! Seuls les charlatans et les religieux prétendent le contraire. La science est claire là- dessus. On peut gratter quelques années de vie mais pas plus. Le progrès de la médecine a doublé en un siècle, l’espérance moyenne de vie. L’Humanité, en bossant science peut encore augmenter cette moyenne. Cette espérance se situe aujourd’hui autour de 80 ans dans les pays nordiques, mais se situe encore autour de 35 ans dans les pays où l’ignorance, l’analphabétisme et l’obscurantisme règnent sans partage. L’un des moments cruciaux dans l’expérience d’un être humain réside (à la fin du « rouleau ») dans l’établissement du bilan de sa vie : qu’a-t-il fait pour les opprimés ? Qu’a-t-il fait pour les autres ?
Aux dernières secondes de sa vie, Abdelfettah Fakihani a dit « ana farhane : je suis content ». Fakous n’a pas de remords. C’est ça l’essentiel. Fakous tu nous as quittés, mais tu resteras immortel. Ali Fkir NB : Je tiens à m’excuser auprès de celles et de ceux qui étaient présent-es aux funérailles et que je n’ai pas pu citer .**



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